Les responsables des fédérations de l’enseignement rament à contre-courant. Rien ne les intéresse. Tout est bon pour eux dès lors qu’il s’agit de perturber un ordre établi. Il ne s’agit nullement de «lutte» ou de «combat» au profit des enseignants.
L’usage invétéré des grèves a montré ses limites et son impact dévastateur sur la stabilité de notre pays. En visant le secteur de l’enseignement, par exemple, on a vidé ce recours de son caractère «militant» et «pacifique». Dans les mains de ceux qui le pratiquent, aujourd’hui, il est devenu une arme de destruction pour atteindre des objectifs non avoués, mais que tout le monde peut deviner.
En qualifiant le SG de la Fédération générale de l’enseignement secondaire de «fossoyeur» du système éducatif, l’ancien ministre de l’Education, M. Hatem Ben Salem, aurait visé juste. Cet avis est partagé par la majorité des parents tunisiens qui ont enduré et endurent, encore, les retombées néfastes des débrayages incalculables effectués dans le secteur de l’enseignement.
Alors qu’un capital de sympathie était palpable envers le corps enseignant à la suite de l’agression barbare contre le prof d’histoire géo d’Ezzahra, les syndicats de l’enseignement ont vite fait de renverser la situation.
Ces messieurs des fédérations de l’enseignement rament à contre-courant. Rien ne les intéresse. Tout est bon pour eux dès lors qu’il s’agit de perturber un ordre établi. Il ne s’agit nullement de «lutte» ou de «combat» (terminologie d’ailleurs surannée et anachronique) au profit des enseignants.
La réalité est là, devant tout le monde. Il y a à l’intérieur des structures syndicales des luttes intestines pour le pouvoir. Chacun essaye de marquer le plus de points pour prétendre, un jour, occuper un poste-clé dans la centrale syndicale. Ce n’est que de cette manière que l’on peut s’expliquer cette fronde menée depuis quelque temps contre le bureau exécutif de l’Ugtt.
Les opposants à la ligne modérée de l’Ugtt visent, ni plus ni moins, le poste de SG. C’est-à-dire la direction des affaires au plus haut niveau.
Cette course folle vers les postes de responsabilité aurait été normale ailleurs que dans le syndicalisme parce qu’il y aurait des profits à en tirer. Mais quand il s’agit de ce qu’ils appellent «la lutte ouvrière», on reste quelque peu étonné. Y aurait-il, là aussi, des avantages et des profits à en tirer ?
Naïvement, on répondrait que non. Mais si on revient à la position des autorités politiques à l’égard de la centrale syndicale, on peut comprendre qu’il y a une distance prise à leur égard. L’organisation syndicale serait traitée sur un pied d’égalité avec les partis politiques ayant mené le pays à la déroute. Aussi, le chef de l’Etat se montre-t-il très réservé à leur encontre.
La découverte récente d’affaires de corruption ou de malversations dans lesquelles sont impliqués des syndicats le prouve (permis délivrés aux taxis collectifs…). Elle montre que du côté des syndicats, on n’est pas, du tout, irréprochable.